Journée internationale du parlementarisme : une célébration de la démocratie et un appel à l’action pour une gouvernance plus inclusive en Afrique
Le 30 juin marque chaque année la Journée internationale du parlementarisme, célébrée dans le monde entier depuis son adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2018. Cette journée vise à mettre en lumière le rôle fondamental que jouent les parlements dans la consolidation des systèmes démocratiques, la défense des droits humains, l’élaboration des lois, la représentation des citoyens et le contrôle de l’action gouvernementale.
En Afrique, cette commémoration prend un relief particulier, tant les enjeux liés à la gouvernance, à la modernisation des institutions et à la participation citoyenne sont au cœur des dynamiques de développement. À cette occasion, l’Organisation intergouvernementale panafricaine (CAFRAD) tient à saluer l’engagement croissant des institutions parlementaires africaines dans le renforcement de l’État de droit, la promotion de la transparence et la consolidation des valeurs démocratiques.
Le parlement : une institution clé de la gouvernance moderne
Dans tous les régimes démocratiques, le parlement constitue une pierre angulaire du système institutionnel. À travers ses fonctions législatives, budgétaires et de contrôle, il assure un équilibre des pouvoirs et garantit que les politiques publiques soient conçues et mises en œuvre dans l’intérêt général. Il donne une voix aux populations, notamment aux groupes historiquement marginalisés, en traduisant leurs besoins et aspirations en actions concrètes.
Dans les pays africains, les parlements ont progressivement renforcé leur rôle dans les processus de réforme, en veillant à la mise en œuvre de politiques publiques plus justes, plus transparentes et plus participatives. Ils sont également devenus des plateformes essentielles de dialogue, de délibération et de médiation, en particulier dans des contextes où les tensions politiques et sociales requièrent des arbitrages éclairés et inclusifs.
Les défis et perspectives pour les parlements africains
Si les progrès sont réels, les parlements africains continuent de faire face à de nombreux défis. Il s’agit notamment de l’insuffisance des ressources humaines et financières, du manque de capacités techniques, de l’influence parfois dominante de l’exécutif, ainsi que d’un accès limité du grand public aux travaux parlementaires. À cela s’ajoutent les menaces persistantes à la liberté d’expression, la faible représentation des femmes et des jeunes dans les hémicycles, ainsi que les mutations profondes liées à la transition numérique, économique, écologique et l’intelligence artificielle.
Dans un contexte marqué par la montée des attentes citoyennes, la complexité croissante des enjeux publics (changement climatique, sécurité, emploi des jeunes, santé, etc.), et l’émergence de nouvelles formes de participation, les parlements africains doivent se réinventer. Cela implique notamment une amélioration de la qualité du travail législatif, une transparence accrue, une plus grande ouverture au public et une capacité à intégrer les technologies numériques dans les processus de délibération et de contrôle.
Le rôle du CAFRAD aux côtés des institutions parlementaires
Depuis sa création en 1962, le CAFRAD œuvre pour le renforcement des capacités institutionnelles des administrations publiques africaines. Dans ce cadre, il entretient des partenariats étroits avec les parlements nationaux et régionaux, convaincu que leur implication est essentielle dans toute dynamique de réforme et de transformation publique.
Cette vision s’est concrétisée par l’organisation de plusieurs activités ciblées, dont le Cours de formation législative sur la gestion du budget et la surveillance par les parlements, qui visait à doter les députés et leurs collaborateurs des compétences nécessaires pour exercer un contrôle budgétaire rigoureux et assurer une meilleure reddition des comptes.
À cela s’ajoute l’organisation de la Conférence parlementaire panafricaine sur le renforcement des capacités, un cadre d’échange de haut niveau ayant permis aux parlementaires africains de réfléchir collectivement aux défis actuels de la gouvernance, de la législation et de la participation citoyenne.
Ces initiatives illustrent l’engagement du CAFRAD à promouvoir une gouvernance parlementaire fondée sur l’expertise, la transparence et l’innovation. À travers des programmes de formation, des ateliers spécialisés et des forums thématiques, le Centre continue d’accompagner les institutions législatives africaines dans leur évolution vers plus d’efficacité, de proximité avec les citoyens et de contribution active aux processus de développement durable.
Un appel à l’engagement renouvelé
En célébrant la Journée internationale du parlementarisme, le CAFRAD réitère son appel à une mobilisation collective en faveur d’institutions parlementaires africaines plus démocratiques, résilientes, plus inclusives et plus proches des citoyens. Le parlement doit combiner la démocratie participative et délibérative et intégrer la diplomatie interparlementaire. Cette Journée n’est pas seulement un moment de reconnaissance, mais aussi une occasion de réflexion, de remise en question et d’engagement.
Dans le contexte actuel où la démocratie est vertement contestée sur le continent, pointée du doigt comme le bouc émissaire de tous les maux, l’avenir démocratique africain passe inéluctablement par des parlements forts, représentatifs, éthiques, innovants et responsables. Le CAFRAD continuera d’œuvrer, aux côtés de ses partenaires africains et internationaux, à soutenir cette ambition commune d’une gouvernance publique au service du développement durable, de la dignité humaine et de la justice sociale.