Le CAFRAD, fer de lance d’une nouvelle gouvernance publique digitale et intelligente en Afrique
À l’occasion du GITEX Africa 2025, événement majeur dédié à l’innovation technologique sur le continent, et carrefour des innovations récentes liées à la 5ème révolution industrielle, le Docteur Coffi Dieudonné ASSOUVI, Directeur général du CAFRAD (Centre africain de Formation et de Recherche administratives pour le Développement), a livré un discours à la fois engagé et stratégique, lors de son intervention à l’émission « ça va connecter » en direct sur le plateau de l’émission « ça va connecter » endirect depuis le stand de l’APEBI (Fédération Des Technologies De L’Information De Télécommunication Et De L’Offshoring). Dans un contexte où la réforme de l’administration publique devient une condition essentielle au développement durable, le CAFRAD entend jouer un rôle central dans la transformation institutionnelle, humaine et numérique de l’Afrique.
Dès l’ouverture de son intervention, le Dr. ASSOUVI a tenu à exprimer sa profonde gratitude à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, pour son soutien constant au CAFRAD, ainsi qu’aux États membres pour la confiance qui l’a porté à la tête de cette prestigieuse Organisation intergouvernementale fondée en 1962 par les gouvernements africains avec l’appui de l’UNESCO. Le CAFRAD, a-t-il rappelé, est bien plus qu’un centre de formation : il s’agit d’une école panafricaine d’excellence, un moteur de transformation systémique, et un creuset où se construit l’avenir de la gouvernance publique africaine : « Le CAFRAD est le premier Centre dédié à la construction, à la réinvention (reconstruction des services publics en zone de conflit, de fragilité, d’insécurité ou de post-conflit), la modernisation et l’amélioration continue des systèmes d’administration, de management et de gouvernance ainsi qu’à la valorisation des résultats (pratiques innovantes) de la recherche en administration comparée en vue de la résolution des problèmes de développement de l’Afrique. » , souligne Dr. ASSOUVI.
En effet, dans une Afrique confrontée à de multiples défis — fragilités institutionnelles, manque d’efficacité administrative, inégalités d’accès aux services publics — le CAFRAD se positionne comme une force de proposition et d’action. Depuis son élection en juillet 2024, le nouveau Directeur général a initié une nouvelle dynamique, plaçant le CAFRAD au cœur des enjeux de transformation globale et systémique : économique, écologique, digitale, mais aussi managériale. L’Organisation panafricaine entend harmoniser les systèmes de formation des cadres publics africains, valoriser les pratiques administratives innovantes et renforcer les compétences au service de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des ODD des Nations Unies 20230.
Interrogé ensuite sur les défis liés à la connectivité, Dr. ASSOUVI a souligné l’ampleur du challenge. L’Afrique accuse encore un retard important dans l’accès à Internet et aux services publics dématérialisés, en raison de disparités profondes entre pays, tant en termes d’infrastructures que de couverture numérique. Pourtant, la transformation numérique de l’administration est une nécessité. Pour y parvenir, il est indispensable d’investir massivement dans les infrastructures technologiques, dans l’énergie, dans les outils de cybersécurité, tout en développant des politiques de formation adaptées aux réalités africaines. Le CAFRAD, dans cette optique, a lancé un vaste programme pour accompagner la construction d’administrations intelligentes, capable de piloter la modernisation des États à partir de diagnostics précis et de politiques centrées sur l’humain : « la formation et le développement des compétences et des talents, y compris des talents digitaux s’avèrent indispensables. A cet effet, le CAFRAD a mis en place un projet intitulé : projet de construction des administrations publiques intelligentes (smart government) qui comprend plusieurs composantes dont la première est la formation, la deuxième l’évaluation de l’état des lieux de la dématérialisation des administrations publiques et des transformations numériques et la troisième l’élaboration des politiques et stratégies de transformation digitale reposant sur l’humain. »
La rétention des talents en Afrique : clé de voûte de la souveraineté technologique et du développement durable
Si la question de la formation continue est centrale, la motivation des intelligences à rester en Afrique est encore plus préoccupante: le continent africain regorge de talents, mais trop souvent, ces compétences s’exilent à l’étranger ou, pire encore, sont ignorées, gaspillées ou sous-utilisées. Pour inverser cette tendance, le CAFRAD plaide pour une revalorisation du capital humain. Cela implique non seulement une meilleure rémunération et des conditions de travail attractives, mais aussi la création d’opportunités concrètes dans les secteurs de pointe, en misant sur des industries technologiques capables d’absorber ces compétences. Dr. ASSOUVI appuie la nécessité de rompre avec le néopatrimonialisme qui bride l’émergence de nouveaux leaders en Afrique. Selon lui, seule une gouvernance éthique, visionnaire et inclusive permettra de créer un climat de confiance propice à la rétention des talents.
« Il existe, et je le crois, une seule manière d’exterminer un peuple, c’est la destruction de son système éducatif, c’est l’asservissement mental, c’est l’endoctrinement, c’est la manipulation de l’information, c’est le pillage intellectuel.
Mais il existe également une seule manière pour un peuple de se détruire lui-même, c’est la négligence (la non priorisation et le faible investissement) de son système éducatif, c’est la fabrique des godillots, des bricoleurs locaux, des faux sachants et des demis experts, c’est l’organisation ciblée de la fuite des cerveaux, c’est l’illusion de la connaissance. »
En parallèle, le CAFRAD a entamé un travail de fond pour tisser des partenariats stratégiques, aussi bien avec les Etats membres qu’avec des institutions académiques et technologiques du continent et au-delà. Des accords ont été engagés avec des universités, des organismes de développement international et des entreprises privées, pour soutenir la recherche, la formation continue, le développement des compétences, l’innovation et l’incubation de nouvelles idées. L’objectif est clair : faire du CAFRAD une plateforme d’excellence, capable de proposer des solutions concrètes aux défis du développement africain, car selon le Directeur général du CAFRAD, les pays africains doivent éviter au risque de se détruire : « l’importation d’un système éducatif obsolète et inadapté, le gaspillage des ressources humaines et de des talents, ainsi que la formation bâclée des cadres supérieurs et des leaders».
À la question de savoir comment concilier les ambitions du continent avec le niveau encore élevé d’analphabétisme numérique, le Dr. ASSOUVI répond avec lucidité et détermination. La réponse réside, là encore, dans la formation. Il appelle à la mise en œuvre d’un vaste programme régional de développement des talents digitaux, afin que l’Afrique ne soit pas reléguée au second plan de la cinquième révolution industrielle. Le CAFRAD travaille activement sur un projet dédié à l’intelligence artificielle éthique et adaptée aux besoins des administrations africaines, pour anticiper l’obsolescence des compétences et construire les métiers du futur.
Le message du Dr. ASSOUVI est clair et concret : l’avenir de l’Afrique passe par la transformation profonde de son administration publique, par la valorisation de ses talents, et par une gouvernance fondée sur l’excellence, l’éthique et la vision. Le CAFRAD entend incarner cette ambition collective et devenir l’architecte de la nouvelle Afrique numérique, résiliente et inclusive.
Le Directeur général du CAFRAD a conclu son intervention par un message fort adressé à tout le continent : « Nous sommes déterminés à anticiper l’obsolescence des compétences, à former sur les métiers et services du futur pour une Afrique représentant une force dynamique sur la scène mondiale. C’est avec tous les Africains que nous y parviendrons. ».