Journée mondiale de la lutte contre les discours de haine : Un appel à la vigilance en Afrique

Le 18 Juin, le monde entier commémore la Journée internationale de la lutte contre les discours de haine, proclamée par les Nations Unies pour faire face à la montée inquiétante de la haine sous toutes ses formes. Cette journée ne se limite pas à une date symbolique : elle incarne un cri d’alarme et un appel à l’action face à une réalité préoccupante. Dans toutes les régions du globe, la haine progresse, alimentée par l’intolérance, l’ignorance, la peur et la désinformation.

En Afrique, cette journée prend une signification particulière, dans un contexte marqué à la fois par les espoirs d’unité et les défis liés aux divisions sociales, culturelles ou religieuses.

Une haine aux mille visages

Les Nations Unies définissent le discours de haine comme tout type de communication, qu’il s’agisse d’expression orale ou écrite ou de comportement, constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité. Souvent, ces discours sont à la fois le résultat et la cause de l’intolérance et de la haine et peuvent être, dans certains cas, dénigrants et source de divisions.

 La haine s’exprime de mille manières : racisme, antisémitisme, islamophobie, homophobie, misogynie, xénophobie, discours violents sur les réseaux sociaux, ou encore violences physiques. Elle n’épargne aucun continent, aucun peuple. Alourdie par l’ignorance, la peur de l’autre (altérté) ou les idéologies extrêmes, elle gangrène le tissu social, brise des vies et met en péril la paix et la démocratie.

Les plateformes numériques et l’intelligence artificielle, devenues des espaces d’expression majeurs, sont trop souvent le terrain de propos haineux. Il est urgent de renforcer la modération, d’exiger des comptes aux géants du web, mais aussi d’encourager les internautes à devenir acteurs responsables du changement, à dénoncer les abus (lanceurs d’alerte) et à propager des messages positifs.

La haine est le résultat complexe de notre déconnection de l’humain. Le monde a perdu les valeurs humaines et le caractère sacré de la vie ainsi que le sens profond du message du Christ « aime ton prochain comme toi-même ». Pour le philosophe Franck Fischbach : “Le capitalisme fabrique des êtres qui, n’étant plus vraiment sociaux, ne seront plus vraiment humains”.

Un devoir collectif de vigilance

La Journée mondiale de la lutte contre la haine n’est pas qu’un symbole : c’est un appel à la vigilance, à l’engagement citoyen et à la solidarité. Chacun a un rôle à jouer. Gouvernements, organisations internationales, ONG, éducateurs, entreprises, médias et simples citoyens doivent refuser la banalisation de la haine et lui opposer une résistance ferme, constante et éclairée.

L’éducation comme pilier de lutte contre la haine

La haine trouve ses racines dans l’ignorance. L’école, l’université, la culture et les médias jouent un rôle crucial dans la déconstruction des préjugés et la promotion de l’empathie. Eduquer, c’est semer les graines de la tolérance, de la fraternité, de l’amour et de l’humanité. Apprendre à connaître l’autre, c’est apprendre à le respecter, voire à l’aimer. La lutte contre la haine débute par un simple mot, un geste ou une prise de position affirmée.

Un espoir plus puissant que la haine

Face à la haine, il convient de privilégier l’amour, la justice et la vérité. Contre les discours de division, la fraternité doit prévaloir. Le chemin est long et semé d’obstacles, mais chaque conscience éveillée, chaque initiative bienveillante, chaque voix qui s’élève contre la haine contribue à faire progresser l’humanité.

En cette Journée mondiale de lutte contre la haine, engageons-nous à agir non seulement aujourd’hui, mais chaque jour, pour bâtir un monde plus tolérant et solidaire.

Une réalité africaine plurielle

L’Afrique demeure vulnérable aux discours haineux, souvent exacerbés par les réseaux sociaux et ancrés dans des préjugés persistants. Les migrants subsahariens, les femmes, les minorités religieuses et ethniques ainsi que les opposants politiques sont parfois victimes de discriminations et de stigmatisation. La lutte contre ces violences nécessite une action collective axée sur la promotion du dialogue, la justice, l’éducation à la paix et des politiques inclusives.

La lutte contre la haine en Afrique passe donc par une action concertée : politiques inclusives, éducation à la paix, justice transitionnelle, et surtout, une culture du dialogue. De nombreux États, organisations régionales comme l’Union africaine, et acteurs de la société civile s’engagent à créer des espaces de coexistence pacifique et de respect mutuel.

Agir localement, penser globalement

La Journée mondiale de la lutte contre la haine est l’occasion de réaffirmer l’importance d’une vigilance active et d’un engagement citoyen. En Afrique, les solutions doivent être ancrées dans les réalités locales tout en s’inscrivant dans une solidarité internationale.

Un phénomène global, aux multiples visages

Les discours de haine ne connaissent ni frontière ni culture. Ils visent les personnes en raison de leur origine, de leur religion, de leur genre, de leur orientation sexuelle, de leur couleur de peau, ou encore de leurs opinions. Ils se diffusent dans les rues, dans les médias, mais surtout sur Internet, où l’anonymat favorise la violence verbale, les appels à la haine et à l’exclusion.

Des tensions raciales aux discours extrémistes, de l’antisémitisme à l’islamophobie, en passant par la xénophobie ou les violences faites aux femmes, le monde est confronté à un défi commun : protéger la dignité humaine contre la déshumanisation.

Pourquoi une journée internationale ?

Instituée en 2021 par l’Assemblée générale des Nations Unies, cette journée vise à :

  • Sensibiliser les gouvernements, les médias et les citoyens aux dangers croissants des discours de haine ;
  • Encourager l’adoption de lois, de politiques éducatives et de stratégies de communication pour y faire face ;
  • Favoriser la cohésion sociale, la tolérance et le dialogue interculturel.

Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, l’a rappelé : « Les discours de haine sont une attaque contre la tolérance, l’inclusion, la diversité et les droits humains. Ils peuvent semer la violence, voire conduire à des crimes de masse.»

Un futur à construire ensemble

La lutte contre la haine est un combat de tous les instants. Elle nécessite des lois, mais surtout des consciences éveillées. En cette Journée internationale, rappelons-nous que la haine ne se combat pas par la haine, mais par l’éducation, la justice, la solidarité et la vérité.

Pour que demain, les générations futures puissent vivre dans un monde où la différence ne sera plus une menace, mais une richesse.

Rôle du CAFRAD dans la promotion de la cohésion et la lutte contre la haine

Le CAFRAD joue un rôle clé dans la lutte contre la haine en Afrique en renforçant la gouvernance, la transparence et l’inclusion au sein des institutions publiques. À travers ses programmes de formation, de recherche et de dialogue, le CAFRAD œuvre à sensibiliser les responsables politiques et administratifs aux enjeux de cohésion sociale, de tolérance et de respect des diversités culturelles et ethniques. En promouvant des politiques publiques équitables et en encourageant la participation citoyenne, il contribue activement à prévenir les discriminations, à désamorcer les tensions sociales et à bâtir des sociétés plus justes et résilientes face aux discours de haine.

Le CAFRAD forme ses groupes cibles à la culture humaine, à la reconnaissance mutuelle, à l’intelligence émotionnelle et collective. Ses formations sont axées sur les soft skills (compétences douces, comportementales, sociales, interpersonnelles, psychologiques, émotionnelles) qui font des hommes et des femmes des êtres humains à part entière. Le philosophe libéral Jean –Jacques Rousseau nous a rappelé notre premier devoir: « Hommes, soyez humains, car c’est votre premier devoir ». Pour éradiquer la haine au sein notre société globalisée, capitaliste et hautement technosolutionniste, il faut revenir à l’humanité, à l’éthique et à la morale. Pour António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, « les discours de haine se propagent plus vite et plus loin que jamais, amplifiés par l’intelligence artificielle. Des algorithmes et des plateformes numériques intégrant et reproduisant les préjugés diffusent des contenus toxiques et créent de nouveaux espaces de harcèlement et de violence. »

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